dimanche 20 avril 2008

Le fardeau qui s'alourdit

Un des motifs du "Réprouvé" qui m'intéresse est celui du fardeau qui s'alourdit... quitte à donner au moins envie de renoncer (voir "Celui qui a porté la peste" sur ses épaules de Anatole Le Braz), ou d'obliger à le faire sous peine de...

Dans la classification internationale des motifs narratifs (index) ça s'appelle
"Devil becomes heavier and heavier" sous le n° G 303 3 5 3
Je n'ai rien inventé : c'est tout écrit dans le livre "Êtres fantastiques, patrimoine narratif de l'Isère". Dans ce livre qui est le recueil des récits de croyance collectés par Charles Joisten dans le département d e l'Isère de 1950 à 1975, on ne trouve pas moins de 39 variantes autour de cette histoire.
J'en ai choisi quelques unes, dont celles qui sont situés dans des communes de St Christophe : la coïncidence est amusante, n'est ce pas ! Mais il y a une ou plusieurs variantes dans chacun des village que j'ai habité... et qui ne s'appelaient pas St Christophe.

A St Christophe en Oisans, c'est l'agneau qui se fait porter et qui s'alourdit.
"Mon grand père maternel, un nommé T. de St Christophe, revenait un soir du Bourg d'Oisans et, en passant aux Fontaines Bénites, il a trouvé sur la route un agneau qui portait la marque de sa famille. Croyant que l'agneau lui appartenait et qu'il s'était égaré, il l'a pris sur ses épaules. Mais à mesure qu'il approchait de la croix du Blanchet (ou du Comptoir), l'agneau devenait plus lourd. En arrivant à la Croix il l'a posé, et l'agneau a disparu. Chez lui , il ne manquait aucune bête au troupeau. Il a pensé que c'était la Mauvaise Part, le diable." Juin 1962.

A St Christophe sur Guiers :

"Un homme de St Christophe revenait de la foire d'Entre-deux-Guiers. Sur la route, il trouve un agneau et il l'a pris. Mais en arrivant chez lui, il était si lourd qu'il ne pouvait plus le porter. Alors il l'a mis par terre et il a dit :
- Bon Dieu ! C'est le diable !
Le diable lui a répondu :
- Bien sûr que je suis le diable ! ". Avril 1960.

Et puis en voici deux de Séchilienne, le petit chat noir qui se fait porter et s'alourdit :
"Un homme des Thiébauds revenait une nuit du marché de Vizille. Arrivé au lieu dit la Menière après les Rivoirands, il a trouvé un joli petit chat noir. Il l'a ramassé et plus il montait, plus le chat devenait lourd. Arrivé au Clos de la Chèvre, l'animal lui a dit :
- Rapporte moi où tu m'as pris ou tu meurs cette nuit !
Il l'a déposé par terre et il est rentré chez lui; mais dans la nuit, il est mort de frayeur. C'était le foulaton, le diable."Août 1959
" Une femme de la Bathie qui revenait du marché, à Vizille, avait trouvé un joli chat noir, après les Rivoirands, dans le chemin. Elle l'avait pris et à mesure qu'il montait, le chat devenait lourd. Et des pierres grosses comme le bras tombaient autour d'elle. Elle avait dû rapporter le chat où elle l'avait pris; c'était le foulaton". Août 1959

Merci à Alice Joisten qui m'a mise sur la piste !