vendredi 26 juin 2009

Deux contes Gascons où l'on porte Saint Pierre de l'autre côté de l'eau

Dans les Contes populaires de la Gascogne (Jean François Bladé), ou dans Les contes du Vieux Cazaux (même auteur, Féderop 1995) on peut trouver le motif du passeur dont le fardeau est trop lourd. Les contes de Bladé ont été publié en 1886. En ce qui concerne le motif qui nous intéresse pour sa proximité avec la légende de Saint Christophe, il s'agit d'un des épisodes du long conte, intitulé "L'épée de Saint Pierre" où le héros, fils de roi part à la recherche de l'épée de Saint Pierre pour tuer le roi païen qui a épousé sa mère. Sur sa route il croise un pivert, puis sept lézards à qui il rend service ...
... Enfin la nuit de Noël arriva. Il glaçait, et la lune brillait sur la campagne blanche de neige. Le fils du roi se disait : "le temps marqué par les sept lézards est venu. Marche, marche toujours, jusqu'à ce que tu saches où trouver l'épée de Saint Pierre." À minuit il s’arrêta tout proche d’une rivière. Au bord de l’eau grelottait un vieux pauvre à barbe grise. “Bonsoir, pauvre. Mauvais temps pour voyager. Tu grelottes. Tiens : bois un coup, à ma gourde, cela te réchauffera.”
Le vieux pauvre but un coup à la gourde, et ne grelotta plus. “Merci mon ami. Maintenant porte-moi de l’autre côté de l’eau. – Avec plaisir, pauvre. Monte sur mon dos et tiens-toi ferme. Jésus ! Tu ne pèses pas plus qu’une plume. – Patience, je pèserai davantage au milieu de l’eau. – C’est vrai. Jésus ! Tu m’écrases ! – Patience, sur l’autre bord je ne pèserai pas plus qu’une plume. – C’est vrai. Tiens, pauvre, te voilà passé. Bois encore un coup à ma gourde et que le bon Dieu te conduise !
– Jeune homme, je ne suis pas un pauvre, je suis saint Pierre. Jeune homme, tu m’as fait un grand service. Je te paierai selon mon pouvoir…”
La saison à laquelle se passe cet épisode me fait penser à la légende du Roi Hérode qui traverse l'Ain par une nuit glaciale de janvier, celle de l'Epiphanie.

Dans un autre conte recueilli également par Jean François Bladé en Gascogne, la belle Madeleine rencontre trois vieux pauvres au bord d’une rivière, elle les passe sur son dos. Puis les trois vieux pauvres se trouvent être saint Jean, saint Pierre et le bon Dieu. Ils promettent à la belle Madeleine de récompenser sa charité.