samedi 15 octobre 2011

Le conte de saint Christophe, Henri Pourrat

Une jolie surprise de ce matin : au hasard de la table des matières du Trésor de contes, tome 1, de Henri Pourrat (Omnibus 2009), je découvre une belle version de cette légende qui sur le fond et dans sa structure est très semblable à celle de Jacques de Voragine et ... à la mienne. Notamment elle s'arrête au moment ou Le Réprouvé (ici appellé Offérus)change de nom. Cela a été écrit par l'auteur, aux environs de 1950, à partir de récits populaires qu'il a recueilli en Auvergne sur près d'un demi-siècle.
Je vous engage à lire le conte mais ne résiste pas à vous en retranscrire le tout début ... et la conclusion
Il y avait une fois un géant qui suivait la loi des païens et qu'on appelait Offérus. Sa figure était aussi large qu'une porte, et tout enfant déjà il ne connaissait pas sa force. Il redressait ensemble quatre fers à cheval ; d'une main, il élevait de terre plus haut que sa tête un mulet chargé d'un boeuf mort, puis les laissant retomber, tranchait en deux au vol mulet et boeuf, d'un seul coup de son coutelas.
Quand il eu l'âge de raison - mais les géants l'ont un peu tard-, il se vit sur pied de ne rien craindre au monde : rien de ce qui pouvait lui venir à la rencontre, ni homme, ni lion, ni tempête. Il quitta le roi de son pays, qu'il avait tout d'abord servi, et partit devant soi pour chercher le roi le plus puissant qui fût...

...Saint Christophe est celui en compagnie de qui on ne peut pas périr.
Qui le voit en la matinée
Rira encore à la vesprée.
Oui, qui a regardé au matin une image du saint est assuré de ne point mourir ce jour là, du moins de mourir de mort imprévue et subite, sans s'être réconcilié avec le Christ, notre Seigneur.
Aussi, le temps passé, dressait-on des statues géantes de Christophe en lieu exposé à la vue, comme à la porte des églises.
On savait, en ce temps, que qui lui donne dans un regard sa pensée fidèle, acceptant comme lui de porter son prochain, se fait par là serviteur et ami de Dieu.